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Architecture située

Petit point littéraire ... On retente la transcription d'un ressenti littéraire ... 

Voici quelques mots sur le "traité d'architecture sauvage, manifeste pour une architecture située" de J.P.Loubes

Traité d'architecture sauvage, manifeste pour une architecture située (2010) - Jean-Paul Loubes.

  

 

Quelques mots sur l'auteur ... 

JP.Loubes est un architecte et anthropologie qui enseigne à l'école nationale d'architecture de Bordeaux. Il est aussi chercheur au Laboratoire Architecture Anthropologie (LAA à l'ENSA Paris-LaVilette). Dans son parcours littéraire on peut noter qu'il a publié des nouvelles, de la poésie, et de nombreuses recherches sur la Chine et l'Asie. 

La préface a été confié à Kenneth White, un poète qui a fondé l'institut international géopoétique. Il faut aussi prendre prendre note de tous les noms cités tel que Le Corbusier, Paola Berenstein-Jacques, Peter Blake, Christian Nornerg-Shulz ou encore Salvadore Dali.  

  Quelques mots pour commencer ... 

    Ce livre de 169 pages est un livre de l'histoire de l'architecture. En effet, par un développement structuré il développe l'idée d'une architecture située. Celle-ci étant apparentée à l'environnement et à la nature et non simplement "dictée" par des stéréotypes issus de la société.

    Le cheminement de l'auteur qui cherche à comprendre "l'habitat actuel" s'articule autour de deux axes. Tout d'abord, il explore l'habitat informel, puis le phénomène de la cabane. Ces deux axes permette à l'auteur de démontrer la fin de la "machine à habiter" que semble dicter l'architecture actuelle.

 

Du moderne et du post-moderne ... 

      Le fonctionnalisme avec son "form follows functions" s'est largement propagé dans le siècle dernier. Il a d'ailleurs permit l'émergence d'un " homme nouveau" qui ne fait qu'utiliser "la machine à habiter". Cette idée est portée par de grands architectes (Gropius, Le Corbusier...) qui obtiennent alors le nom de pères fondateurs. Avec de tels noms, le fonctionnalisme va alors créer une architecture basée sur une culture de l'élite.

       Or il ne faut pas dénigrer la présence d'une architecture plus "populaire" pour les classes moins fortunées, qui eux, à contrario, vont créés une architecture "hors-sol". Elle est basée sur leur propre culture et donc bien plus attachée au local.

        Même si deux tendances sont présentes, la plus populaires reste le mouvement moderne (fonctionnalisme, la forme découle de la fonction). Néanmoins certains pays ont sombrés dans l'excès. Par exemple la Chine s'est totalement imprégner du mouvement moderne; quitte à détruire sa propre culture architecturale et a perdre l'héritage et les spécificités des lieux.

     La relation de l'architecture et du local est complexe. En effet, le mouvement moderne (XXe) fait résonner le local comme un simple et dénigré folklore. Il cantonne alors le "local" à une référence unique et dénuée d'intérêt. Par exemple Renzo Piano va nie le local dans son projet du Centre Pompidou. Mais trente ans après, dans le centre culturel de Tjibaou, il entame une démarche consciente et s'interroge sur la place du local. Il y a donc une évolution possible.

 

 

Le vernaculaire contemporain en architecture... 

        Habituellement l'architecture vernaculaire désigne l'architecture liée au territoire. Les valeurs constituant la tradition sont alors en elles même une architecture.

Dans ce sens, la construction traditionnelle vise plus à reproduire, adapter ou perfectionner. Par différence, l'architecture savante, elle, a plus d'espace pour la création et la réflexion. Néanmoins on peut se demander si l'architecture n'est pas vernaculaire par définition. En effet elle faire interagir le lieu avec les matériaux, la forme, les échanges. Quelle soit savante ou non, il y aurait donc interaction avec le lieu.

     En plus de cet aspect local, il faut aussi voir l'apparition de l'architecture vernaculaire populaire. Avec la croissance démographique et les changements mondiaux, le "bâtir selon les ressources locales" se généralise. Même si une partie de la population est ancrée dans une architecture moderne (building et villes), la majorité de la population mondiale se tourne vers cette solution. C'est une architecture de masse qui émerge. Elle reflète une saturation des capacités institutionnelles mondiales qui entraine la généralisation d'habitat dit "informels" et la culture qui va avec.

  

Au delà des courants actuels, il me semble que l'architecture "de seconde zone" est bien plus riche et ancrée que ce que l'on pense. Ce phénomène est peu développé mais l'habitat informel, qui ne répond semble t il pas à une architecture scolaire me semble essentielle. En effet, il ne faut renier ni l'habitat "classique" ni "l'habitat informelle", il faut combiner les deux et savoir jouer avec pour une architecture actuelle.

 

 

 LA DISCALIFICATION DES PROFESSIONNELS

 La présence de cette contre-culture face à la culture "normalisée" rend les professionnels non qualifiés et inaptes à encadrer l'architecture.

 

En effet, même si les logements en temps que produits de consommation se démocratisent, les professionnels se trouvent de plus en plus dans une situation difficile. Avec cette contre culture, il est nécessaire pour eux de "voir autrement"; Or sans changement ils se dirigent plus vers la cécité. Il va donc être complexe pour eux de voir une culture plurielle et non plus une culture normalisée.

 L'exemple parfait est celui des Favelas qui sont appréhendées comme un secteur informel et illégal de l'habitat. Elles sont considérées ainsi car les professionnels ne savent pas s'adapter et bien regarder. La requalification serait donc plus juste au niveau des professionnels et non des espaces (certaines favelas devaient être rasées).

 Aujourd'hui les évolutions sont multiples. Il y a un réel intérêt pour porter l'urbanisation informelle de "précaire" à "projet"; et pour ce le recourt de la législation est en place.

   

 

L'ARCHITECTURE COMME EXPERIENCE DU LIEU

      La pensée architecturale a une relation complexe vis à vis du monde. Le point de vue géopolitique entre alors en compte. En effet, un projet d'architecture interroge le monde en créant "un langage capable d'exprimer cette autre manière d'être au monde". Il s'agit d'avoir plus de sensibilité pour le dehors. On doit donc se recentrer sur le topo. La géopoétique cherche alors à rétablir le lien entre l'homme, architecture et cosmos. Pour comprendre cette interaction entre l'architecture et topo deux exemples sont fréquemment mis en avant : le land art et la figure de la cabane.

        Tout d'abord le courant du Land Art s'appuie sur une architecture expérimentale. Il considère que tout objet est situé par nature. D'ou l'expression architecture située. A ceci il faut ajouter que le lieu étant recentré, le réel est alors la plus grande part des œuvres (architecturales ou non). Finalement l'architecture devient une interaction entre milieux social, physique et culturel (lié à l'héritage).

        De plus, l'expérience de lieu se traduit aussi dans la figure de la cabane. La cabane, qui semble être une phase archaïque de l'architecture traduit aussi interface d'expression qu'elle peut être. Il faut cependant commencer par noter la différence entre cabane et maison. Cabane et maison protègent leurs occupants, cependant l'un est ouvert, l'autre clos. Néanmoins aujourd'hui on peut observer des maisons essayant de prendre des allures de cabanes.

        Finalement l'architecture et le topo ont à mon sens un lien particulier. Il s'agit pour l'architecte de prendre en compte la nature, sans que la réponse soit trop primaire et simpliste. De plus, il faut écouter le lieu sans oublier l'intervention que l'on doit effectuer. Quand au parallèle entre maison et cabane, la différence fondamentale réside dans la relation à l'extérieur. Mais aussi parce que la maison est plus propice au phénomène de machine à habiter (créer une simple boite, qui répond a des fonctions, qui est identique quelque soit le lieu, le pays...). Alors qu'on habiter le monde différemment dans une cabane car sa forme est plus libre.

 

 

 

ARCHITECUTRE ET GEOPOETIQUE

       La géopoétique peut être aborder comme un champ de poétique située, à mettre d'ailleurs en parallèle avec une architecture située. Cette "situation" nous ramène à la réflexion du lien entre architecture et extérieur. En effet il faut s'interroger sur les relations qu'entretiennent l'architecture avec le monde, le dehors, leurs manifestations et respirations. L'exemple de la cabane nous montre que cette construction prend ses matériaux dans le lieu même où elle s'inscrit.

 Savoir composer avec le local, c'est bien ce qui se produit pour une cabane mais aussi avec l'habitat informel.

        Pour explorer d'avantage le symbole de la cabane est le reflet de la culture constructive en architecture. La cabane, contrairement à la grotte devient un lieu dès qu'elle est créée en s'appuyant sur son environnement. Mais on peut aussi comprendre grâce à elle qu'il n'y a pas UNE architecture, mais une pluralité d'architectures. En effet, même si étant un habitat ouvert ancré dans un lieu, la cabane a été interprétée de bien des manières. L'exemple le plus connu étant le cabanon de Le Corbusier. C'est un cabanon, et une réelle œuvre d'architecture pensée.

        Le parallèle entre architecture et extérieur d'un côté et enfant et l'édification d'une cabane est très riche de réflexion. On voit ici que le premier contact de l'art d'édifier ce fait de manière "neutre" dans un cadre qui l'est d'autant plus. Si l'enfant devait "construire" dans le monde moderne, il n'aurait pas la même relation à l'extérieur et au topo. La cabane semble être un sujet d'étude intéressant pour l'architecture, pour le topo mais aussi pour la géopoétique.

  

 

PORT LLIGAT DE LA CABANE DE DALI A LA MAISON DE GALA ET DALI

        Maison et cabane sont deux entités différentes qui s'illustrent dans l'évolution de S. Dali. Il s'agit ici d'étudier un sujet, un exemple pour essayer d'apporter des réponses sur les différences entre la cabane et la maison.

 L'histoire de Dali se découpe en deux parties : la cabane puis la maison.

 D'un côté la cabane est une aventure du lieu, on projette un édifice en s'éloignant du carcan social. Dali souhait alors avoir un lieu "protégé" pour profiter de la nature et de la peinture. Il se retrouve donc dans une "baraque". Il a dans cette première phase le souhait d'établir et d'approfondir le lien avec le dehors.

 De l'autre la maison est l'établissement de fondation pour créer une famille, un foyer. Les deux sont donc différents, même si relevant de la volonté de créer un lieu.

        La maison de Gala et Dali amène la création de lieu, pièce par pièce. Il va alors y avoir des ajouts de parcelles, des extensions, des étages créent ... La simple cabane "module" de 22m va devenir une maison. C'est l'addition d'éléments (la cabane de base) qui amène alors à Dali et Gala la maison. Au delà de ses "éléments de structures" Dali essaie de garder un contact avec l'extérieur (son jardin, ses fenêtres...) mais il s'éloigne de la baraque de départ.

       Au final Dali aura vécu dans cette baraque-cabane-maison une évolution d'architecture mais aussi de l'homme lui même. En effet il y a une distance immense entre l'homme de la baraque qui peignait et l'homme de la maison.

        A mon sens, l'exemple de Dali met en avant la mutation de la cabane en maison parallèlement à l'évolution de Dali grâce à Gala. Il faut donc voir que la maison est bien plus qu'une "cabane plus importante", elle incorpore d'avantage. Et son lien avec la nature est bien plus réfléchi. Par exemple, il faut "réfléchir" les ouvertures dans une maison.

  

 

CONCLUSION

        Les dernières décennies nous ont apporté une propagation de la vision universalisée de l'architecture. Or à travers cet ouvrage Jean-Paul Louves nous ouvre à d'autres façons de penser. On apprend alors que l'architecture informelle a sa place, mais aussi qu'il faut savoir s'appuyer sur l'architecture primitive.

       Il développe de nombreuses questions autour de ces deux axes, mais l'étude de la cabane, de la maison et de l'architecture informelle sont des piliers. Dans tous les cas, la conclusion est qu'il est primordial de se recentrer vers une architecture située. Le topo doit reprendre une place essentielle.

       Il s'agit donc maintenant aux jeunes architectes d'étudier la question, et de ne pas choisir la simplicité de l'architecture moderne et monotone. Car il ne faut pas créer de machine à habiter mais bel et bien des habitations.  

On espère que cette lecture vous a plu! 

 

A très vite -